Contexte : nous sommes en 2015, j’ai 35 ans, après 6 ans en Allemagne pour le travail de l’ex mari, nous sommes rentrés en France et nous avons divorcé ; j’ai mes enfants (nés en 2007 et 2012) une semaine sur deux, j’ai un nouvel amoureux, l’Ours et nous ne vivons pas ensemble. J’ai toujours un nombre de difficultés plus ou moins invalidantes. Je suis traitée pour depression et je ne sais toujours pas que je suis autiste.
Dans quelques semaines mon premier rendez-vous pour mon diagnostique de Syndrome d’Asperger. Il s’agit d’un rendez-vous d’une heure pour l’anamnèse.
J’essaie de me rappeler de ma petite enfance, de ce qui en est spécifique dans ce contexte, mais je ne vois pas autant de choses que je le souhaiterais. Il n’y a rien d’alarmant sur le plan médical, je n’ai pas eu de retard de développement, c’était même plutôt l’inverse.
Je viens de retrouver mon carnet de correspondance de CP et le cahier de naissance que ma mère a tenu jusqu’à environ 5 ou 6 ans.
Dans ce carnet mes maitresses indiquent que je suis bonne élève, mais bavarde et turbulente, encore un peu bébé, et que je me fatigue vite.
Je me rappelle de récréations passées seule, isolée, parce que j’avais besoin de calme et/ou parce que je n’avais pas d’ami.e qui veuille jouer avec moi à ce moment là.
Mes amitiés étaient rares, c’était en ce qui me concerne des coup de foudre amicaux. J’avais une amie, ou deux, mais distinctes. Je n’ai jamais été dans une bande, même si ma meilleure amie du lycée pensait m’avoir intégré dans la sienne, je me sentais en décalage avec ces autres, alors que je pensais de mon amie qu’elle était une sorte d’âme soeur.
Je me rappelle avoir toujours préféré la compagnie des adultes que celles des enfants, de maitresses ou de maitres avec qui j’avais de très fortes affinités et qui étaient respectueux envers moi. Je me rappelle aussi d’autres instituteurs qui me trouvaient trop bavarde, insolente, et malgré tout bonne élève et qui ne le supportaient pas.
Je me rappelle d’un voyage scolaire à l’étranger où j’ai préféré passer le plus clair de mon temps avec l’un des accompagnateurs qu’avec les autres collégiens. C’est aussi à ce moment là que j’ai ma seule et unique bagarre : un garçon de notre groupe s’était amusé à mettre des boulettes d’aluminium dans la nourriture que les habitants d’un quartier déposaient pour les chats errants. Son comportement et son attitude et cette injustice pour les chats m’avaient révoltés.
J’étais une enfant très susceptible, je boudais souvent.
Ma tante se moquait de moi parce que j’étais incapable toute petite de tenir quelques minutes au Roi du Silence.
Adolescente un ami de la famille m’appelait Mercredi à cause de mon visage et mon comportement assez renfermés.