En 2023, suite à un long parcours, je sais maintenant à 43 ans que je suis autiste. Je regarde mon passé et mon futur avec cette nouvelle vision de moi-même, et me plonge avec un appétit certain dans les différentes ressources disponibles, pour atteindre mon objectif qui n’a pas changé depuis le début : mieux me comprendre et me rendre la vie plus agréable.
J’ai deux enfants (E16ans et Q11ans) en garde alternée, un compagnon l’Ours qui habite à côté, un travail depuis 23 ans dans l’entreprise familiale avec des aménagements officieux.
Depuis 20 ans au cours de mes différentes thérapies ou bilan de compétences professionnelles, j’ai été confrontée à des questions auxquelles je ne pouvais répondre que par « ça dépend : des fois beaucoup, des fois pas beaucoup ».
Avec le temps, et l’enchaînement des thérapies, mais surtout aux différents questionnaires qui m’avaient été soumis, je me suis rendue compte que la dichotomie se présentait essentiellement lorsque l’on opposait le cadre professionnel au cadre personnel.
Aux questions « vous sentez-vous compétente ? », « intervenez-vous en réunion ? », « faites-vous preuve d’initiative ? », « allez vous vers les autres ? », je pouvais répondre « Oui tout à fait » dans un cadre professionnel et « Bof, pas vraiment » dans un cadre personnel.
Je me rappelle très bien avoir retourné à une psychologue toute une série de questionnaires remplis en double exemplaires. Elle m’a demandé de le refaire en faisant une moyenne, sous prétexte que « Non, ça ne fonctionne pas comme ça dans la vraie vie, il ne faut qu’une seule réponse ».
Évidemment cela n’avait aucun sens pour moi, les résultats étaient complètement biaisés, et je ne me sentais pas forcément comprise…
En parallèle, depuis 22 ans que j’ai rejoint l’entreprise familiale, j’ai toujours eu un attachement très particulier à mon travail : parfois absorbée au-delà du raisonnable, au-delà des limites pour ma santé, parfois au détriment du temps passé avec mes tout proches… certaines personnes se demandaient si cet investissement était vraiment sain, si c’était ma manière de chercher une approbation parentale, ou de me sentir importante est indispensable.
C’est au printemps 2023 que le voile a été levé, lors de la préparation de mon bilan du Trouble du Spectre Autistique :
C’est normal, votre travail c’est votre intérêt spécifique, quand vous êtes dans le flow vous ne voyez pas le temps passer, ces activités en général vous nourrissent intellectuellement mais pas que, et comme vous maîtrisez bien le sujet vous pouvez faire preuve d’une grande confiance en vous.
Et d’une phrase elle a levé cette brume que je me trimballais depuis 20 ans : tout s’expliquait avec une simplicité enfantine en regardant par le biais de l’autisme et des intérêts spécifiques.
J’ai aussi compris au passage pourquoi j’avais une tendance au burn-out professionnel, ce qui me permet d’être plus vigilante.
Un commentaire pour “Ma dichotomie, ou la difficulté de répondre à une simple question”
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