Contexte : nous sommes en 2015, j’ai 35 ans, après 6 ans en Allemagne pour le travail de l’ex mari, nous sommes rentrés en France et nous avons divorcé ; j’ai mes enfants (nés en 2007 et 2012) une semaine sur deux, j’ai un nouvel amoureux, l’Ours et nous ne vivons pas ensemble. J’ai toujours un nombre de difficultés plus ou moins invalidantes. Je suis traitée pour depression et je ne sais toujours pas que je suis autiste.
La femme enceinte a beaucoup de particularités qu’on lui accorde, accepte ou tolère très facilement. Parfois même on s’en émeut.
Particularités, en vrac et non exhaustives, de la femme enceinte, et réactions de la société
Des fringales, des dégouts alimentaires, des obsessions pour une catégories d’aliments, des repas à toute heure ?
=> C’est les hormones et qu’elle a un bébé à nourrir cette pauvre enfant.
Elle est beaucoup fatiguée, nauséeuse, elle veut dormir tard, faire la sieste, se coucher tôt ?
=> C’est les hormones et qu’elle a un bébé à faire grandir cette pauvre enfant.
Elle supporte mal le bruit, les bousculades au marché, la voiture, ses habits la grattent, elle a chaud et elle a froid, elle veut passer la journée en pyjama, elle préfère rester chez elle tranquille, elle ne supporte plus l’odeur de la cigarette ?
=> C’est les hormones et qu’elle a un un nid à préparer pour son bébé cette pauvre enfant.
Elle a la larme facile, elle et susceptible, elle ne supporte pas l’injustice de ce monde, elle rit, pleure et se met en colère pour un rien ?
=> C’est les hormones, ça rend hypersensible, mais heureusement ça va passer, pauvre de nous.
Elle se balance, chantonne, s’émerveille d’un rien, sursaute pour tout ?
=> Elle berce son bébé, retrouve son âme d’enfant.
Elle est un peu obsédée de l’hygiène, du rangement, elle a des TOC étranges, elle est anxieuse, s’inquiète du futur, s’inquiète de tout, n’arrête pas de penser en fait ?
=> Elle va donner la vie, c’est normal qu’elle cogite un peu, ça ira mieux après la naissance.
Mais où elle veut en venir ?
J’ai adoré être enceinte de mon premier enfant. Même si c’était pénible, pour toutes les raisons évoquées ci-dessus. Et j’ai bien été contente quand ça c’est arrête aussi.
J’avais l’impression d’avoir atteint un niveau de conscience supplémentaire. J’ai pensé que c’était le fait d’être toute puissante, de créer un être humain, d’être femme. Mais en l’évoquant en thérapie il y a 3 ans, je me rendais compte que ça n’était pas exactement cela. Et je ne pouvais pas dire non plus que c’était génial parce qu’en portant la vie j’avais l’impression d’avoir trouvé ma place dans la société, parce que ça n’était pas vraiment ça non plus.
Puis j’ai compris.
Tout ça là haut c’est moi (sans compter d’autres bizarreries), tous les jours, toute l’année, toutes les années.
Mais si la société est clémente pour une femme enceinte, elle l’est beaucoup moins pour celle qui ne l’est pas. Elle n’a pas d’excuse. Les gens normaux ne se comportent pas comme ça. Pas tout le temps.
Alors tu compenses, comme tu peux, comme tu y arrives, suivant l’énergie dont tu disposes. Au mieux les gens te trouvent étrange, au pire ils te trouvent chiante.
Voilà pourquoi j’ai tant aimé être enceinte. Je n’avais pas à me cacher derrière des masques (ou très peu), je pouvais être moi et c’était acceptable.