Contexte : nous sommes en 2015, j’ai 35 ans, après 6 ans en Allemagne pour le travail de l’ex mari, nous sommes rentrés en France et nous avons divorcé ; j’ai mes enfants (nés en 2007 et 2012) une semaine sur deux, j’ai un nouvel amoureux, l’Ours et nous ne vivons pas ensemble. J’ai toujours un nombre de difficultés plus ou moins invalidantes. Je suis traitée pour depression et je ne sais toujours pas que je suis autiste.
Mes différences, j’en ai noté certaines depuis quelques années, et elle ne sont pas toujours toutes faciles à accepter, du fait de la société elle-même ou de personnes toxiques de mon (ancien) entourage qui voulaient que je fonctionne mieux (à savoir comme elles, à ne pas être si fatiguée par exemple).
C’est dur et pesant cette difficulté à faire des choses pourtant si simples, de sembler de pas faire assez d’effort pour y arriver, la culpabilité est énorme.
De séance en séance de thérapie en 2013 je me suis rendue compte que je me connaissais très mal, à force de vouloir faire comme tout le monde je n’étais plus vraiment capable de comprendre mon propre fonctionnement.
Certes, j’étais bien consciente d’être par exemple trop fatiguée, maladroite en société, très anxieuse et en tension physique, de devenir Hulk… Mais ça restait flou, vague, et insuffisant pour que je puisse convenablement composer avec (faire en sorte que mon quotidien soit plus agréable) au lieu de penser que je devais pouvoir faire mieux (répondre à une attente normée de la société).
A force de compensations je n’avais plus la capacité de savoir tout ce qui me coûtait quotidiennement.
J’ai découvert par hasard que j’avais non seulement une hypersensibilité auditive mais qu’en plus j’avais de gros problèmes de filtrage, et qu’il en résultait dans de nombreuses situations extérieures ou sociales une augmentation de ma fatigue grosse perte de petite cuillères et des pics d’anxiété.
Je réservais jusqu’alors les bouchons d’oreilles pour mes nuits, j’en ai depuis dans mon sac à main et n’hésite pas à en porter à l’extérieur lorsque les sons sont trop pesants et que les compenser me coute.
J’écoute régulièrement des bruits bruns quand j’ai besoin de m’isoler (ou d’atténuer les bruits des enfants) sans pour autant malmener mes conduits auditifs, je me sens plus légitime de demander aux enfants de faire moins de bruit et je suis maintenant consciente que c’est un facteur aggravant de déclenchement de colère.
C’est un exemple parmi d’autres que j’ai pu découvrir toute seule, que se soit en suivant la piste du Syndrome d’Asperger ou pas, avant le diagnostique officiel.
J’ai découvert d’autres aspects de moi en remplissant le formulaire de demande de rendez-vous pour le diagnostique.
Cette démarche m’a permis de parler mieux de mon quotidien à mes parents, qui ne voyaient qu’une partie de mes difficultés. De mieux expliquer à mes enfants ma saturation au bruit en fin de journée, ou mon manque de patience lorsque je n’ai plus de petite cuillères en stock. Et de découvrir le livre de Simone Rudy que je pourrais glisser à l’Ours veut mieux me comprendre.
Le diagnostic me permettra de me poser les bonnes questions, de comprendre quelles sont vraiment mes difficultés, de voir ce que je peux améliorer pour me rendre la vie plus simple (par la médicamentation, les compléments alimentaires, des thérapies comportementales, de l’hypnose…), et d’apprendre à me ménager pour le reste.